Droits de douane - Tariff tracker
Retrouvez chaque semaine un résumé des mesures prises et évoquées sur les droits de douane ainsi qu’un ensemble d’indicateurs liés au commerce international.

Publié le 14 mars 2025 - Mis à jour le 9 mai 2025
Faits marquants de la semaine
La semaine a été marquée par l’annonce d’une trêve temporaire entre les Etats-Unis et la Chine. S’en est suivi une désescalade plus rapide qu’attendue des droits de douane à laquelle s’ajoute un démantèlement partiel de mesures de représailles non-tarifaires. Les négociations avec les autres partenaires commerciaux se sont poursuivies en parallèle cette semaine, sans qu’aucune avancée notable ne soit à signaler. Enfin, D. Trump a surpris vendredi en évoquant un projet d’ajustement des droits de douane « réciproques », justifié par l’incapacité de négocier avec l’ensemble des 150 partenaires commerciaux en même temps. Les nouveaux droits de douane devraient être communiqués aux pays concernés dans un délai de 2 à 3 semaines.
A l’issue de 2 jours de négociations en Suisse, les Etats-Unis et la Chine ont annoncé lundi matin une trêve de 90 jours et un abaissement significatif (de 115 points) des droits de douane appliqués respectivement par les 2 pays. La surtaxe sur les produits chinois revient à 30 points et la surtaxe sur les produits américains revient à 10 points. Les 30 points sur les produits chinois se décomposent en 20 points en raison de la circulation du fentanyl et 10 points de droits de douane « réciproques » (en particulier la partie universelle). Ce sont les 24 points « spécifique pays » annoncés par Donald Trump lors du Liberation Day qui sont en pause pour 90 jours. Si cette désescalade, qualifiée de « total reset » par Trump, est un soulagement, ces réductions ne s’appliquent pas aux droits de douane sectoriels. En conférence de presse, Scott Bessent a déclaré que ni les Etats-Unis ni la Chine se souhaitait un découplage avant d’évoquer un potentiel accord d’échange entre les 2 pays, à l’image du « phase one deal » du premier mandat de Trump.
La désescalade s’est poursuivie sur la semaine avec la levée par Pékin des restrictions portant sur Boeing, puis l’annonce d’une pause certaines des mesures de représailles non-tarifaires (restrictions à l’exportation et liste des « unreliable entities »). En parallèle, les Etats-Unis ont fait part d’un abaissement des droits de douane portant sur les colis « de minimis » en provenance de Chine, désormais taxés à 54% vs 120% précédemment.
Pour autant, les 2 pays ont également envoyé des signaux plus mitigés. La Chine s’est montrée critique vis-à-vis de l’accord commercial entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui la pénaliserait via des modifications des chaines d’approvisionnement des entreprises britanniques. Côté américain, l’administration Trump envisagerait de nouvelles restrictions à l’exportation ciblant des fabricants de puces chinois. Plus tôt dans la semaine, elle avait mis en garde contre l’utilisation de puces fabriquées par Huawei violant les restrictions à l’exportation en vigueur.
Hors Chine, les négociations se poursuivent avec les principaux partenaires commerciaux sans avancée majeure cette semaine :
- Japon : R. Akazawa devrait se rendre à Washington la semaine prochaine pour un 3ème round de négociation, sans qu’aucune date n’ait été confirmée à ce stade.
- Inde : Selon D. Trump, l’Inde aurait proposé aux Etats-Unis une levée quasi-totale des droits de douane existants sur l’ensemble des biens américains. Le président américain s’est également montré critique en ce qui concerne la production d’Iphones en Inde, invitant Apple à accroitre sa production sur le sol américain.
- Europe : Selon des diplomates européens, les Etats-Unis auraient adressé une lettre à la Commission cette semaine démontrant leur volonté de négocier un accord commercial. Dans les négociations, l’Europe a refusé d’abaisser ses normes automobiles afin de faciliter les importations de véhicules américains comme cela était demandé par l’administration américaine.
Vendredi, Trump a fait part d’un projet d’ajustement des niveaux des droits de douanes réciproques - lequel serait communiqué d’ici 2 à 3 semaines. Ces nouveaux tarifs sont justifiés par l’incapacité de négocier avec 150 partenaires dans l’intervalle des 90 jours de trêve. Il a ajouté que l’administration américaine informerait chaque pays séparément via lettres officielles « sending letters out essentially telling people what they’ll be paying to do business in the US ». Difficile d’interpréter cette annonce à ce stade…
Tariff tracker en images


Mesures prises par les Etats-Unis

Accords négociés
Annonce | Pays | Deal | Principaux points | Points en négociation | Date de mise en ouevre |
---|---|---|---|---|---|
08/05/2025 | US-UK | Economic Prosperity Deal | Pour les biens américains : Pour les biens britaniques : | - Accord sur les services numériques et les services financiers | Aussi proche que possible |
Source CPRAM
* Total des échanges impactés (hors exceptions), en Mds$
** Hausse des droits de douane appliqué au volume, en Mds$
Focus sur quelques indicateurs du commerce international

Faits marquants précédents
Semaine du 5 mai
Cette semaine, l’administration n’a pas annoncé de nouvelles hausses de droits de douane, même si l’idée d’une hausse de 100 points sur les films produits à l’étranger a été évoquée et que les hausses de droits sur les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs ne devraient pas tarder.
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont déclaré jeudi avoir conclu un accord commercial, Economic Prosperity Deal, fondé sur l’équité et la réciprocité. Ils prévoient de réduire les droits de douane respectifs.
- L’accord ne revient pas sur les droits de douane universels de 10 points, qui restent donc appliqués aux importations de produits britanniques. Il s’agit donc d’un plancher pour les droits de douane moyens. Beaucoup de détails restent encore à négocier.
- Les Etats-Unis s’engagent sur un quota de 100 000 véhicules britanniques importés avec des droits de douane de 10% vs 25% actuellement et un accord sur les pièces détachées. Un contingent de produits dérivés de l’acier et l’aluminium est également prévu à un taux préférentiel. Ils s’engagent également à renforcer leurs importations de produits agricoles.
- Le Royaume-Uni s’engage sur un quota d’importations de bœuf américain à un taux réduit mais sans revenir sur ses normes alimentaires ainsi que sur d’autres produits agricoles. Les Etats-Unis auraient également annoncé que le UK s’était engagé sur des achats de Boeing.
- Keir Starmer a indiqué avoir négocié un « traitement préférentiel » pour le Royaume-Uni si Trump décidait d'augmenter les droits de douane sur les produits pharmaceutiques ou d'autres secteurs comme le cinéma.
- Les deux pays poursuivent leurs discussions pour un partenariat technologique et la taxe britannique sur les services numériques reste en vigueur pour l’instant. Au passage, Donald Trump a précisé que les droits de douane pour les pays ayant des excédents commerciaux importants avec les Etats-Unis seraient plus élevés que les 10%.
UE : la Commission européenne a lancé une consultation publique jusqu’au 10 juin sur une liste d’importations américaines qui pourraient faire l’objet de contre-mesures de l’UE si les négociations commerciales avec les Etats-Unis échouaient. Cette liste d’importations en provenance des Etats-Unis est évaluée à 95 Mds €. Elle comprend des produits agricoles, des produits énergétiques, des spiritueux, des produits chimiques, produits manufacturés, machines, moteurs, voitures, bateaux, smartphones, radios, télévisions ….La Commission aurait proposé d’abaisser à zéro les droits de douane sur les biens industriels, dont les voitures et d’acheter davantage de soja et de GNL. Parallèlement, l'UE lancera également une procédure de règlement des différends à l'OMC contre les États-Unis concernant leurs droits de douane universels dits « réciproques » et leurs droits de douane sur les voitures et les pièces détachées automobiles, en déposant officiellement une demande de consultations.
Une délégation américaine devrait rencontrer ce week-end une délégation chinoise sur terrain neutre, en Suisse, pour débuter des négociations commerciales. Le secrétaire au Trésor Bessent indique : « cela ne sera que le début des conversations, pas des discussions avancées ».
L’agence de presse japonaise Kyodo confirme que les Etats-Unis ne souhaitent négocier que les 14 points de droits de douane spécifiques, en plus des 10 points de hausse appliqués à tous les pays. Ne font pas du tout partie des négociations les droits de douane spécifiques sur les voitures, l’acier et l’aluminium.
L’Inde propose aux Etats-Unis un deal avec des droits de douane à 0% pour les pièces auto et l’acier. Les discussions semblent avoir avec Taïwan également.
Accord commercial UK-Inde : Après plus de 3 ans de négociations, la Grande-Bretagne et l'Inde ont conclu un accord de libre-échange. « L'Inde et le Royaume-Uni ont franchi une étape historique en concluant un accord de libre-échange ambitieux et mutuellement bénéfique », a déclaré le Premier ministre indien Narendra Modi sur X. M. Starmer se rendra prochainement en Inde. La Grande-Bretagne a obtenu des droits de douane plus bas sur ses exportations vers l'Inde, notamment sur le whisky, le gin et les voitures. L’Inde a obtenu de meilleures conditions pour aider ses travailleurs qualifiés à trouver des emplois dans le secteur informatique et une baisse des droits de douane sur les textiles et des produits alimentaires. Les droits de douane sur le whisky et le gin seront réduits de moitié, passant de 150 % à 75 %, avant de tomber à 40 % d'ici la 10ème année de l'accord. Les droits de douane sur les voitures passeront de plus de 100 % à 10 %, sous réserve d'un quota. Sur la base des échanges commerciaux de 2022, l'accord impliquerait une réduction des droits de douane par l'Inde de plus de 400 millions de livres sterling par an dès son entrée en vigueur, pour atteindre environ 900 millions de livres sterling après 10 ans, a indiqué le gouvernement britannique.
Semaine du 28 avril
Assez peu de changements sur les droits de douane cette semaine. La principale exception est que la Maison blanche a décidé que les constructeurs automobiles américains seraient exemptées d’une partie de la hausse de droits de douane de 25 points sur les pièces auto : ils pourront déduire des droits de douane un montant allant jusqu’à 3,75% du prix total d’une voiture la première année et 2,5% la deuxième année.
Le déficit commercial pour les biens ont atteint un nouveau record historique à 162 Mds$ en mars. Cette fois-ci, c’est spécifiquement la catégorie « biens de consommation » pour laquelle le déficit a très fortement augmenté, dans l’anticipation du Liberation Day du 2 avril. Cela a lourdement pesé sur les chiffres de croissance du T1 (-0,3% en trimestre sur trimestre annualisé).
La Chine maintient une position dure vis-à-vis des Etats-Unis, et appelle les autres pays à résister à la pression de l’administration Trump (certainement une référence aux mesures d’embargos évoquées par Scott Bessent). Selon un communiqué du gouvernement chinois, « China won’t kneel down ». Perçues comme un geste en direction d’une désescalade, les exemptions de droits de douane accordées la semaine précédente pourraient n’être que des mesures pour protéger certains secteurs dans l’optique d’une guerre longue…
Les négociations se poursuivent avec un certain nombre de partenaires :
- Dans le cas de la Corée du sud, les autorités ont exclu d’entériner un accord commercial avec les Etats-Unis avant l’élection présidentielle le 3 juin prochain. Pour autant, des avancées pourraient intervenir avant cette date tandis que les négociations se poursuivent, même si le négociateur commercial et le ministre des finances ont démissionné.
- Japon : les négociations se sont compliquées après que les Etats-Unis ont proposé un cadre qui permettraient de revenir sur les droits de douane réciproques mais pas sur ceux appliqués à l’acier, l’aluminium et les voitures. Les autorités japonaises se sont vigoureusement opposées à ce cadre : le premier ministre qualifie les droits de douane sur les voitures « d’absolument inacceptables ».
- Dans une interview au FT, Maros Sefcovic, le commissaire européen au commerce évoque des progrès dans les négociations commerciales avec les Etats-Unis. Bruxelles propose d’acheter pour 50 Mds € de biens supplémentaires, du gaz et des produits agricoles, en provenance des Etats-Unis pour combler le déficit de la balance des biens et des services. L'UE serait également disposée à collaborer avec les États-Unis pour aider à gérer l'impact de la forte hausse des exportations chinoises. L’augmentation des achats de GNL parait difficile à réaliser dans l’ampleur évoqué puisque les importations de GNL de l’Europe en provenance des Etats-Unis s’élèvent à 13 Mds € en moyenne annuelle et qu’elles représentent près de 50% des volumes importés. Il faudrait les tripler voire les quadrupler pour atteindre l’objectif …. Par ailleurs, l’Europe serait prête à négocier sur les modalités d’application de l’accord mondial de l'OCDE sur la taxation minimum des entreprises (les États-Unis ont négocié l'accord fiscal de 2021 mais ils ne l’ont jamais mis en œuvre). Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l'accord et a chargé Scott Bessent d'enquêter pour savoir si des pays étrangers ont mis en place ou prévoient de mettre en place des règles fiscales « extraterritoriales ou affectant de manière disproportionnée les entreprises américaines ». Il vise en particulier la disposition de l'accord dite Règle des bénéfices sous imposés, qui permet à un pays d'augmenter les impôts des multinationales auxquelles d'autres pays n'appliquent pas l'impôt minimum, afin de compenser le déficit et qui doit être appliquée en 2026. L'UE envisagerait de « limiter l'application » de cette règle afin de limiter les risques de hausses des droits de douane.
Semaine du 21 avril
La semaine a été marquée par plusieurs développements positifs, et en premier lieu des premiers pas de part et d’autre entre les Etats-Unis et la Chine. Si la ligne de communication reste vraisemblablement coupée entre les 2 pays (du moins sur les questions commerciales), ces nouvelles postures préfigurent d’une éventuelle désescalade - ce qui participe au soulagement des investisseurs. Le ton était également optimiste en ce qui concerne les négociations avec les autres partenaires commerciaux, en particulier dans le cas de l’Inde et de la Corée du Sud. Mais en dépit de ces éléments positifs, la revue en nette baisse des prévisions économiques du FMI fait office de force de rappel.
Les Etats-Unis font un geste en direction de Pékin et plaident pour une désescalade. Le début de semaine a pourtant été marqué par de nouvelles hausses de droits de douane (jusqu’à 3521%) sur les panneaux solaires en provenance de plusieurs pays asiatiques, mais ces annonces font suite aux enquêtes pour pratiques déloyales initiées sous l’administration Biden. Mais au-delà de cette mesure, le principal fait marquant a été le changement de posture vis-à-vis de la Chine. S. Bessent a qualifié la situation actuelle d’intenable et appelé à une désescalade. D. Trump a également appelé à des négociations avec la Chine et semble adopter une posture plus conciliante « we’re going to be very nice ». D’après le WSJ, les droits de douane appliqués à la Chine par les Etats-Unis pourraient baisser sur des niveaux compris entre 50 et 65%. En parallèle, plusieurs fabricants de médicaments continuent de plaider en faveur d’une exemption durable de droits de douane auprès de l’administration américaine. Il s’agit d’un secteur pour lequel les Etats-Unis sont très importateurs notamment en provenance d’Europe.
Après s’être montrée inflexible, la Chine fait finalement un premier pas significatif en vue d’une désescalade. En début de semaine, les autorités chinoises ont appelé les pays en cours de négociation avec l’administration Trump à ne pas accepter d’accord susceptible de pénaliser la Chine, sous peine de se voir infliger des mesures de représailles. Jeudi, le porte-parole du ministre du commerce a fait savoir qu’aucune négociation commerciale n’avait eu lieu à date, et que la levée de l’intégralité des mesures prises par l’administration américaine était un prérequis pour renouer le dialogue. La fin de semaine a pour autant été marquée par un nouveau revirement de situation, et le premier geste significatif de Pékin en vue d’une désescalade. La Chine a ainsi annoncé vendredi des exemptions de droits de douane portant sur un éventail de produits américains (santé, énergie, aviation…). Une liste d’environ 130 biens serait à l’étude, Pékin ayant demandé aux secteurs les plus impactés de faire remonter les produits à prioriser.
Les négociations avec les autres partenaires asiatiques se poursuivent, et l’administration américaine se montre une nouvelle fois très optimiste :
- Japon : une rencontre des ministres des Finances a eu lieu cette semaine, et une seconde réunion traitant des sujets commerciaux est prévue pour le 1er mai à Washington. Reuters a évoqué l’éventualité d’un accord « par interim », sans toutefois pouvoir fournir de précisions.
- Corée du Sud : les négociations commerciales avec l’administration américaine ont débuté jeudi, et les représentants coréens ont fait part de leur volonté d’aboutir à un accord rapide. En amont, D. Trump avait fait savoir qu’il considérait ces négociations comme un « one-stop shop », souhaitant aborder les échanges et droits de douane, mais également la construction navale, l’énergie ou encore la coopération militaire. En aval, S. Bessent a qualifié la rencontre de « very successful » et prévoit un accord de principe entre les 2 pays dès la semaine prochaine.
- Inde : à l’issue d’une rencontre entre J.D. Vance et N. Modi, l’administration américaine a fait part de « significant progress » dans les négociations avec l’Inde. Un accord préliminaire est évoqué, portant sur 19 catégories de biens dont notamment les produits agricoles, le e-commerce et les datacenters, ainsi que sur les minerais et terres rares.
Du côté de l’Europe, les officiels se montrent confiants sur l’atteinte d’un accord avec les Etats-Unis : "Je crois qu'un accord peut être trouvé, mais en même temps, je sais que nous avons beaucoup de travail à faire pour y parvenir", a déclaré Pascal Donohoe, président de l'Eurogroupe et ministre des Finances de l'Irlande. En parallèle, la Commission européenne souhaite conclure des accords de libre-échange avec plusieurs pays. La cible est un accord avec l'Inde cette année et un nouveau round de négociations aura lieu en mai entre les deux blocs. Elle souhaite également lancer ou relancer les négociations avec les Philippines, la Malaisie, la Thaïlande, les Émirats arabes unis... Parmi les points bloquants : les sujets agricoles, l’environnement, la taxe carbone aux frontières ….
Mais en dépit de ces éléments positifs, la revue en nette baisse des prévisions économiques du FMI s’inscrivent comme une force de rappel. Dans ses prévisions de printemps, le FMI a ainsi sensiblement revu ses perspectives de croissance mondiale de 3,3% à 2,8% pour 2025 et de 3,3% à 3,0% pour 2026. Par rapport à ses prévisions de janvier dernier, l’institution révise la croissance attendue pour 2025 des Etats-Unis de -0,9%, celle de la Chine de -0,6%, celle du Japon de -0,5%, celle de la zone euro de -0,2%. Une intensification de la guerre commerciale et des incertitudes encore plus vives autour des politiques commerciales pourraient encore freiner la croissance à court et à long termes via la perte de confiance, des ajustements brutaux des taux de change et des flux de capitaux. Respectivement, la dynamique d’inflation devrait rester plus contrastée. L’inflation globale devrait diminuer légèrement plus lentement que prévu en janvier, avec des révisions à la hausse pour les pays développés et à la baisse pour les pays émergents.
Semaine du 14 avril
Le vendredi 11 avril, la Maison blanche a indiqué que les smartphones, les ordinateurs, les puces électroniques, les cellules photovoltaïques, les écrans, les cartes mémoires et autres produits électroniques sont exemptés des droits de douane réciproques. Ces exemptions concerneraient 390 Mds$ d’importations. Les droits de douane collectés sur ces produits depuis le 5 avril seront remboursés. Néanmoins, la Maison blanche a ensuite fait savoir que des droits de douane « sectoriels » s’appliqueraient bientôt aux semi-conducteurs et à toute la chaîne d’approvisionnement électronique. Elle a évoqué une suspension temporaire des hausses de droits de douane sur les voitures mais aucune décision formelle n’a été prise.
Les tensions avec la Chine demeurent :
- Le ministre du commerce chinois a qualifié de positive l’exemption de droits de douane « réciproques » d’un panel de produits technologiques (smartphones, ordinateurs, etc.). Pour autant, il la qualifie de « small step » au regard des annonces précédentes et il en faudra sans doute davantage pour permettre de renouer le dialogue entre Pékin et Washington.
- L’administration américaine a annoncé de nouvelles hausses de droits de douane sur les importations en provenance de Chine. Ces dernières seraient de 7,5 à 100 points supplémentaires par rapport à ce qui avait déjà été annoncé en fonctions des produits, impliquant que certains échanges pourraient donc être désormais taxés à 245%. Le porte-parole du ministère du commerce chinois a appelé les Etats-Unis à mettre un terme à cette stratégie de « pression à l’extrême », rappelant qu’un dialogue ne serait possible qu’après avoir observé des gestes de bonne volonté de la part des Etats-Unis (“the person who tied the bell must be the one who unties it”).
- En pleine escalade des tensions avec les Etats-Unis, la Chine a annoncé le remplacement de son négociateur en chef. Li Chenggang, en poste au ministère du commerce durant le premier mandat de Donald Trump, sera désormais le nouvel interlocuteur de l’administration américaine, en remplacement de Wang Shouwen. Pékin n’a pas précisé les motivations de ce changement inopiné.
- En visite officielle au Vietnam, le président chinois a appelé à résister au protectionnisme afin de protéger les chaines d’approvisionnement mondiales, tout en rappelant que les guerres commerciales « produce no winner ». Les 2 pays auraient profité de cette visite pour signer de nombreux accords de coopération - 45 au total, dont un projets d’infrastructures ferroviaires transfrontalières - alors même que le Vietnam débute les négociations avec l’administration Trump.
- Selon Bloomberg, Pékin a demandé aux compagnies aériennes chinoises de stopper toute commande auprès de Boeing. Pour être menées à terme, les commandes en cours (10 Boeing 737 Max) sont désormais soumises à une autorisation des autorités, lesquelles seront étudiées au cas par cas. Plus largement, les constructeurs chinois devront désormais se passer de fournisseurs américains pour toutes importations de pièces et matériel aéronautique. La portée est davantage symbolique : malgré un redressement sur les 2 dernières années, les importations aéronautiques de la Chine en provenance des Etats-Unis restent très en dessous des niveaux pré-Covid.
- Le jeudi 17 avril, Donald Trump a indiqué que la Chine et les Etats-Unis dialoguaient au sujet des droits de douane et qu’un accord pourrait être trouvé d’ici 3 à 4 semaines.
Les représentants de l’UE ont évoqué de faibles progrès dans les négociations et donc un possible maintien des droits de douane réciproques.
Les négociations sont en cours avec le Japon :
- Donald Trump a évoqué de « big progress » à l’issue de la première réunion d’échange avec le Japon sur les relations commerciales entre les deux pays. Le négociateur japonais est resté plus mesuré, tout en se précisant que de nouveaux échanges auraient lieu en fin de semaine prochaine en parallèle du sommet du FMI à Washington. Aucun des participants n’a donné de précisions quant au contenu des échanges, tout en précisant que les questions relatives au change n’avaient pas été évoquées lors de cet entretien.
- En amont des négociations avec l’administration américaines, le Japon avait fait savoir que ces dernières porteraient également sur les barrières non-tarifaires et notamment sur les produits agricoles et les automobiles. Ces éléments devraient pour autant rester insuffisants selon un porche du premier ministre japonais « We don't think American cars will sell in Japan even if nontariff barriers are eliminated, but showing a willingness to revise regulations will give us ammunition ».
- La participation du Japon dans les infrastructures de LNG en Alaska pourrait peser davantage dans les négociations. Potentielle partie prenante, la Corée du Sud a d’ailleurs annoncé un déplacement sur place d’un membre du gouvernement. Jusqu’à présent, les investisseurs ont mis en doute la viabilité économique de ce projet de de pipeline de plus de 1500 Km estimé à 44 Mds$ d’investissement (soit près du double du projet Rio Grande au Texas).
Semaine du 7 avril
La semaine a été marquée par de nombreux revirements. Les droits de douanes « réciproques » sont entrés en application le 9 avril et ont été en grande partie mis en « pause » le même jour pour une période de 90 jours. En revanche, la très nette escalade des tensions entre les Etats-Unis et la Chine a ravivé les craintes de choc sur le commerce et la croissance mondiale. Sans surprise, ces éléments ont engendré de fortes turbulences sur les marchés financiers et le niveau d’incertitude demeure extrêmement élevé.
- Les droits de douane « réciproques » annoncés le 2 avril (« liberation day ») sont finalement entrés en application le 9 avril… mais pour quelques heures uniquement. L’administration américaine a finalement annoncé mercredi soir une exemption partielle de ces derniers pour une période de 90 jours - laquelle permettrait de négocier avec chacun des partenaires commerciaux concernés. Dans l’intervalle, le relèvement des droits de douane est limité à une hausse de 10 points. A noter cependant que cette pause ne porte que pour les droits de douane « réciproques » annoncés la semaine passée (Canada et Mexique restent taxés à 25 points, hors biens exemptés) et ne s’applique pas aux pays ayant annoncés des mesures de représailles (seule dans ce cas de figure : la Chine).
- Les tensions se sont en revanche très nettement exacerbées entre les Etats-Unis et la Chine, les deux pays s’étant rendu coup pour coup. Pénalisée à hauteur de 34 points par les droits de douane « réciproques », Pékin avait riposté en remontant à 34% les droits de douane sur les produits américains. L’administration américaine avait alors annoncé une hausse de 50 points supplémentaires, provoquant la même réaction côté chinois. In fine, D. Trump a annoncé que les droits de douane sur les produits chinois seraient de 145%. La réaction chinoise ne s’est pas faite attendre : le ministre des finances a annoncé que les produits américains seraient désormais taxés à 125%, et fait savoir que cette hausse serait la dernière car le niveau atteint rendait déjà impossible toute importation depuis les Etats-Unis (qualifiant même de « joke » cette escalade). Cette semaine, la PBoC a finalement laissé la devise chinoise se déprécier contre le dollar et la Chine a ouvert la porte à d’autres mesures non-tarifaires (restrictions sur les services américains, recommandation d’éviter les déplacements dans « certains Etats »).
- En Europe, riposte de courte durée en réponse aux droits de douane sur l’aluminium et l’acier… Jeudi, l’Union européenne a mis en pause pour 90 jours le paquet de 21 Mds € de hausses de droits de douane sur les produits américains qu’elle avait adopté la veille. Ursula Von der Leyen a pour autant réaffirmé qu’elle chercherait à obtenir un accord « parfaitement équilibré », précisant que « si les négociations ne sont pas satisfaisantes, nos contre-mesures entreront en vigueur ». Si ces négociations échouaient, la Commission pourrait notamment instaurer une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques. Sur le contenu des négociations, elle s’est dite ouverte à la négociation sur les normes tout en excluant de négocier sur la TVA (décision souveraine) et les réglementations « intouchables » sur le numérique et le pouvoir de marché. Sur la base des annonces actuelles, la Commission estime que l’impact négatif sera de 0,2% du PIB cette année et en cas de mesures complémentaires et de rétorsion, il serait de 0,5 à 0,6%.
- Soulagés par l’annonce de la pause de 90 jours, de nombreux pays (en Asie notamment) restent déterminés à finaliser des accords avec l’administration Trump. Au-delà d’abaissement des barrières tarifaires et non-tarifaires et d’augmentation des importations de produits américains (en particulier LNG), plusieurs pays ont fait part de leur volonté de lutter contre les pratiques commerciales déloyales - visant de facto une Chine de plus en plus isolée. L’inde s’est dite pénalisée par les pratiques commerciales déloyales de son voisin. Le Vietnam a dit vouloir renforcer les contrôles afin de « prevent acts of trade faults » et fait savoir qu’un abaissement des droits de douanes réciproques était envisagé (22 à 28 points, vs 46 initialement). Là encore la réponse chinoise est rapide : Xi Jingping a annoncé plusieurs visites officielles au Vietnam, au Cambodge et en Malaisie (actuellement à la tête de l’ASEAN) en début de semaine prochaine. Soucieux de resserrer les rangs, le président chinois a sans surprise visé les pays les plus touchés par les droits de douanes « réciproques ».
Semaine du 31 mars
« Liberation day » : l’évènement de la semaine a été l’annonce mercredi soir par Donald Trump de droits de douane « réciproques », censées rendre « équitables » les échanges commerciaux avec les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Ces annonces ont été bien plus dures que prévu et les droits de douane moyens sur les importations devraient grimper à environ 25%, soit le plus haut niveau depuis le début du XXème siècle. C’est un choc majeur pour le commerce mondial.
- Par défaut, les droits de douane sont relevés de 10 points pour tous les pays et pour tous les biens
- 60 pays subissent une hausse plus importante en plus des droits de douane existants, allant jusqu’à +50 points. On peut citer parmi les principaux partenaires commerciaux : +34 points pour la Chine, +20 points pour l’UE, +24 points pour le Japon, +25 points pour la Corée du sud, +26 points pour l’Inde.
- Certains produits ne sont pas concernés par les droits de droits « réciproques » car ils sont ciblés par des hausses de droits de douane sectoriels : l’acier et l’aluminium (déjà en application), les voitures (en application depuis cette semaine), le cuivre, les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs (hausses de 25 points à venir sur les 3 secteurs).
- Les seuls produits réellement exemptés sont l’or, les produits énergétiques et les matières premières qui ne sont pas disponibles aux Etats-Unis.
À la suite des annonces :
- De nombreux pays ont mis en avant le caractère arbitraire et injustifié de ces mesures et les gouvernements et banques centrales ont fait part de leurs inquiétudes quant aux impacts négatifs sur la croissance mondiale et leurs économies respectives. A court terme, la priorité de la plupart des pays est de limiter l’impact négatif, ce qui passe dans certains cas par un soutien aux secteurs les plus touchés (Espagne, Japon, Taïwan) mais plus généralement par des négociations bilatérales avec les Etats-Unis (Japon, Inde, Royaume-Uni, etc.).
- La Commission européenne estime que 70% des exportations vers les États-Unis seront désormais soumises à des droits de douane, et envisage une période de 4 semaines de négociations avant d’envisager des mesures de rétorsion. Sa présidente avait fait part d’un plan de représailles ambitieux qui pourrait notamment viser les services via le 1er recours au mécanisme « anti-coercition ». L’Europe finalise par ailleurs ses 26 Mds€ de contre-mesures sur l’acier et l’aluminium, et prépare un 2nd paquet de mesures en réplique aux droits de douane sur les autos.
- A date, la Chine, seul pays à avoir annoncé des mesures de représailles, fait figure d’exception. A partir du 10 avril, l’ensemble des importations en provenance des Etats-Unis sera taxé à 34% vs un taux de douane moyen ~20% actuellement. Comme précédemment, Pékin a également annoncé des nouvelles mesures non-tarifaires, notamment des restrictions à l’exportation de matières premières (terres rares et agricoles), et allongé la liste des entreprises américaines considérés comme « unreliable ».
- A contrario, certains pays parmi les moins impactés par les annonces américaines ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne riposteraient pas. C’est notamment le cas de l’Australie ou de la Malaisie.
Semaine du 24 mars
Après une brève période d’accalmie, Donald Trump a multiplié les annonces cette semaine. Si les droits de douane « réciproques » pourraient être plus ciblés que prévus, les hausses de droits de douanes sur le cuivre pourraient, au contraire, intervenir plus tôt qu’attendu. Le fait marquant de la semaine reste néanmoins l’annonce d’une hausse de droits de douane de 25 points sur l’automobile.
- Donald Trump a laissé entendre que les annonces de droits de douane « réciproques » du 2 avril seraient plus ciblées que prévu. Il a notamment qualifié les mesures à venir de « more lenient than reciprocal ». Certains pays ayant un déficit commercial avec les Etats-Unis pourraient être épargnés (ils sont peu nombreux : Royaume-Uni, Australie seulement au sein des grandes économies).
- Donald Trump a décidé que tout pays achetant du pétrole ou du gaz vénézuélien feraient face à une hausse de droits de douane additionnelle de 25 points. Pour rappel, la Chine a acheté 68% du pétrole exporté par le Venezuela et les Etats-Unis 23%. Le Venezuela représente 3,5% des importations de pétrole brut des Etats-Unis.
- Donald Trump a indiqué que les hausses de droits de douane sur le cuivre pourraient arriver dans les prochaines semaines, et non dans les prochains mois… Dans ce cas précis (invocation de la Section 232), le secrétaire au commerce a 270 jours pour produire un rapport sur le « dumping » pratiqué par les partenaires commerciaux, ouvrant la voie ou non aux hausses de droits de douane.
- Donald Trump a passé un executive order relevant de 25 points les droits de douane sur les importations de voitures à partir du 3 avril. Les droits de douane pour les pièces auto seront également remontées de 25 points entre le 3 avril et le 3 mai. Les pièces détachées respectant le USCMA (ex-NAFTA) seront exemptées de droits de douane tant que le Département du commerce n’aura pas établi de process permettant de relever les droits sur le contenu non-américain de ces pièces…
- Donald Trump a menacé l’UE et le Canada « de droits de douane de grande taille, plus élevés que prévu s’ils travaillent ensemble pour nuire économiquement aux Etats-Unis. »
- Le commissaire européen au Commerce a annoncé que le plan américain prévoyait des droits de douane de 20 points sur toutes les importations en provenance de l’Europe et qu’une annonce pourrait avoir lieu la semaine prochaine. A la suite des annonces sur l’automobile, la Commission prépare une 2ème salve de mesures de rétorsions après les 26 Mds € en rétorsion des mesures sur l’acier et l’aluminium.
- Selon Bloomberg, l'UE est en train d'identifier les concessions qu'elle pourrait faire à l'administration américaine pour obtenir la suppression partielle des hausses de droits de douane américains qui frappent déjà les exportations de l'Union et celles qui devraient tomber après le 2 avril. L’UE s’attend à ce que les droits de douane réciproques conduisent à une hausse du taux comprise entre 10 et 25%. Elle estime que tout accord sera difficile à conclure et ne rétablira pas le statu quo. Les relations commerciales UE-US se dégraderont nécessairement.
- Plusieurs pays asiatiques cherchent toujours à obtenir un accord in extremis avant le 2 avril. L’Inde, le Vietnam et Taïwan ont annoncé que des mesures visant à rééquilibrer le déséquilibre commercial avec les Etats-Unis sont actuellement à l’étude. Ces plans comprennent des baisses de droits de douane ainsi que le renforcement des importations américaines par ces pays.
- Mis sous pression par Pékin, CK Hutchison a annoncé qu’il ne signera pas la semaine prochaine la cession de ses ports stratégiques Panaméens à un conglomérat américain. Au cœur des tensions entre la Chine et les Etats-Unis, le deal reste sur la table mais semble compromis.
Semaine du 17 mars
- Cette semaine n’a pas été marquée par de grandes annonces de hausses de droits de douane. Notons tout de même que l’UE a mis en suspens jusqu’à mi-avril la hausse de droits de douane de 50 points sur le whisky américain qui devrait avoir lieu le 31 mars. De nombreux pays attendent la fameuse date du 2 avril pour prendre des décisions.
- Le coût du fret maritime a continué sa baisse, en particulier pour le trajet Chine -> Etats-Unis.
- Les volumes d’importations dans les principaux ports américains ont continué à chuter, revenant au plus bas niveau depuis près d’un an. Les volumes d’importations et d’exportations sont également orientés à la baisse dans les ports chinois.
- Notons que les importations américaines de pétrole brut sont proches de leurs plus bas niveaux depuis la crise covid.
Semaine du 10 mars
- Les mesures entrées en application seraient cohérentes avec une remontée de 8 à 9 % des droits de douane moyens payés sur les importations américaines.
- Les coûts du fret maritime sont en chute libre, en particulier sur l’axe Chine -> Etats-Unis.
- Les volumes d’importations reçues dans les plus grands ports américains sont en chute libre sur les derniers jours alors que les volumes avaient été importants sur le 2ième semestre (anticipations des droits de douane ?).
- Les volumes de fret ferroviaire en Amérique du Nord sont assez importants par rapport aux années précédentes.
- La semaine dernière, les importations de pétrole brut ont été parmi les plus faibles des 3 dernières années.