Marchés et stratégies

Marchés financiers : Décryptage et convictions de CPRAM - Décembre 2024

Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée et Juliette Cohen, stratégiste, décryptent les marchés et Julien Levy-Kern, gérant de portefeuille diversifié, nous partage ses convictions sur les thématiques à suivre.

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Publié le 09 décembre 2024

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Le chiffre du mois : 2426 

C’est le niveau de l’indice Russell 2000 des valeurs moyennes aux Etats-Unis fin novembre 2024. 

Après une envolée de plus de 10% en dollar et 13% en euro sur le mois, il atteint ainsi son plus haut niveau historique en fin de mois. 

Décryptage des marchés

L’évènement du mois aura été sans conteste la nette victoire de Donald Trump à l’élection américaine. La majorité républicaine aux deux chambres reste néanmoins fragile et pourrait constituer un frein pour faire passer des législations controversées.

Le marché action a néanmoins choisi son camp. Les bourses mondiales finissent le mois en forte hausse, le MSCI world progressant de +7.51% en euro uniquement par le fait de la forte hausse des marchés actions américains avec dans l’ordre des progressions de +13.9% pour le Russel 2000 l’indice des petites capitalisations boursières, +9.20% pour l’indice des valeurs technologiques Nasdaq et +8.8% pour l’indice général S&P500.

Les autres places boursières terminent le mois en baisse subissant la rhétorique du nouveau président élu qui a déjà préannoncé des hausses de tarifs douaniers sur certains pays comme le Mexique, le Canada et la Chine. L’Europe quant à elle souffre à la fois des incertitudes commerciales mais également des incertitudes géopolitiques. Elle s’essouffle économiquement avec des indicateurs d’activité qui peinent à se redresser.

Les taux d’emprunt d’Etats sont restés assez sages sur la période, les investisseurs intégrant une probabilité non négligeable de ralentissement économique à venir en raison de la guerre commerciale qui pointe son nez. Les taux américains à 10 ans ont même fini le mois en baisse à 4.16% après avoir flirté avec les plus hauts de l’année.

Le segment du crédit (principalement le secteur High Yield) a été très recherché en novembre malgré des spreads déjà compressés. Les investisseurs sont donc convaincus qu’aucune récession n’arrivera ces prochains jours. La dette émergente qui avait retrouvé des partisans souffre à nouveau. La hausse du dollar et la remontée des taux fragilisent à nouveau ce segment. 

Notre allocation d'actifs pour 2025

Le contexte difficile que nous avons connu en 2024 avec les nombreuses tensions géopolitiques et les inquiétudes sur le ralentissement économique n’ont pas empêché les bourses mondiales d’atteindre de nouveaux records.

La toile de fond pour 2025 devrait être toujours favorable aux marchés actions. La baisse de la rémunération des instruments du marché monétaire devrait entrainer un redéploiement des capitaux vers les actifs risqués.

Nous maintenons en ce début d’année notre préférence pour les actions américaines dans notre allocation. En effet, les perspectives bénéficiaires restent solides. La déréglementation et les perspectives de baisse des impôts devraient permettre aux bénéfices américains de progresser de 15% en 2025 alors que les entreprises européennes ne verraient leurs actions ne progresser que de 8%. Il est vrai que nous terminons l’année avec des valorisations très élevées largement au-dessus de la moyenne historique de long terme.

Néanmoins là où les multiples de valorisation semblent attractifs, les perspectives bénéficiaires sont moins bien orientées ce qui explique notre préférences pour le marché américain. Sur le front obligataire, nous privilégierons les obligations d’entreprises que ce soit le crédit de bonne qualité ou le crédit spéculatif qui continueront d’offrir aux investisseurs un rendement plus attractif que les obligations d’Etat. Sur ces dernières notre préférence se portera sur la zone euro et notamment sur les taux périphériques qui bénéficient d’une conjoncture économique mieux orientée.

Enfin nous continuerons à privilégier le dollar sur le début de l’année avant d’avoir une idée plus précise sur les intentions de Trump.

Nos convictions thématiques

On peut noter 3 semaines que après son élection, Donald Trump répond aux attentes. Que nous disent ses différentes déclarations sur les 3 questions clés de son mandat à savoir l’économie américaine, la guerre commerciale et l’Ukraine? Pour l’économie, les priorités de Trump sont la déréglementation, les réductions d’impôts et le contrôle de l’immigration. Sur la guerre commerciale, il est intéressant de noter qu’il a lié son annonce de droits de douane à des plaintes concernant l’immigration et le trafic de drogue, ce qui laisse des possibilités de futures négociations. Sur l’Ukraine, l’Europe devra faire bien plus pour sa propre défense.

Au niveau des marchés actions, le MAGA permet au MSCI USA d’assurer de très loin la meilleure performance parmi les indices internationaux. Le secteur des Financières est en tête à près de 11% sur des anticipations de déréglementation, et les thématiques des Fintechs et des Cryptomonnaies s’envolent de 30%.  « Drill, baby drill », les valeurs de l’Energie ont surperformé en hausse de 7%, parallèlement à la progression du pétrole.

Rappelons que Trump a nommé le CEO d’une société de services de fracturation pétrolière et gazière à la tête du ministère de l'Énergie. Et selon le principe des vases communicants, les thématiques liées au changement climatique sont en baisse comme les Energies renouvelables qui abandonnent 5%. Robert Kennedy Jr, le futur secrétaire à la Santé, estime que les vaccins sont dangereux et veut plafonner le prix des médicaments coûteux. Sa nomination a fait plonger la plupart des titres des géants de la Pharma, le secteur perd 1% sur le mois. Kennedy veut également lutter contre la malbouffe et l’obésité entrainant la thématique du Défi alimentaire à -3%. Sur des anticipations de réarmement de l’Europe, la thématique de la Défense s’envole de 9%. 
 

Nos points clés

Nous retenons de ce mois de novembre, le fort impact des élections américaines sur les marchés financiers. Côté actions, la bonne performance des actions américaines, la stabilité de l’Europe et la contreperformance du monde émergents. Côté taux, la forte baisse des taux en Europe avec l’anticipation d’une banque centrale plus accommodante dans un contexte économique moins favorable à l’Europe.

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