Marchés et stratégies
Etats-Unis : quelques enseignements des 5 dernières élections présidentielles
De l’avis général, Kamala Harris est ressortie vainqueur du débat avec Donald Trump. Néanmoins, l’élection présidentielle reste extrêmement indécise.
Publié le 12 septembre 2024

Dans cette note, nous essayons de tirer quelques enseignements de l’impact de marché des 5 dernières élections présidentielles américaines :
- L’impact de marché dépend en partie du contexte,
- L’impact de marché dépend complètement de la combinaison avec les élections au Sénat et à la Chambre des représentants,
- L’ampleur de la majorité est déterminante.
Pour cette raison, nous abordons brièvement les élections sénatoriales.
Sur les graphiques ci dessous, nous observons l’évolution des marchés actions, des taux et de la courbe des taux lors des élections présidentielles de 2004, 2008, 2012, 2016 et 2020.
Cela permet de tirer quelques enseignements :
L’impact de marché des élections présidentielles dépend en partie du contexte
L’impact de l’élection de Barack Obama en 2008 était négligeable par rapport aux développements de la grande crise financière. La pente de la courbe des taux a continué à s’aplatir après la réélection de George W. Bush en 2004 car la Fed était entrée dans un cycle de durcissement monétaire.
L’impact de marché dépend complètement de la combinaison avec les élections au Sénat et à la Chambre
La meilleure illustration de cela est la séquence en 2 temps en 2020 : lorsque Joe Biden gagne la présidentielle en novembre 2020, il existe un suspense jusqu’à début janvier 2021 et les 2èmes tours des élections sénatoriales en Géorgie pour savoir s’il aurait une majorité au Congrès. Ce n’est qu’après avoir sécurisé une majorité dans les 2 chambres que les taux longs ont beaucoup monté et que la courbe s’est fortement pentifiée.
La réélection de George W. Bush en 2004 et la majorité plus large obtenue au Sénat lui a permis de faire passer des baisses d’impôts (impôts sur revenus et sur les plus-values). Cela avait déclenché une hausse des actions et des taux longs,
L’élection de Donald Trump en 2016 couplée avec une majorité républicaine avait permis de faire passer des baisses d’impôts importantes (impôts sur les sociétés). L’anticipation de cela avait fait fortement monter les taux longs et les marchés actions. La courbe des taux s’était fortement pentifiée.
A contrario, lorsque Barack Obama a été réélu en 2012, il n’avait pas de majorité à la Chambre des représentants et ne pouvait donc pas pousser pour un éventuel plan de relance. Ce gouvernement divisé avait été accueilli un peu négativement par le marché (baisse temporaire des actions de 5%).
L’ampleur de la majorité au Congrès joue également un rôle important
En 2020, Joe Biden ne pouvait compter que sur une majorité de 50 sénateurs sur 100, dont le centriste Joe Manchin … qui était ouvert à quelques dépenses supplémentaires mais beaucoup moins aux importantes hausses d’impôts promises par Biden (Joe Biden avait déclaré « Avec un Sénat à 50/50, tous les sénateurs sont présidents »). Les taux longs avaient beaucoup monté dans la perspective de dépenses supplémentaires mais les marchés actions n’avaient pas baissé (c’est même l’inverse qui s’est produit) parce que la probabilité d’une hausse de l’imposition était faible.
Actuellement, les Démocrates détiennent 51 sièges au Sénat contre 49 pour les
Républicains
34 sièges sont remis en jeu, dont 23 démocrates et 11 républicains.
Les 11 sièges républicains remis en jeu devraient le rester.
Sur les 23 sièges démocrates remis en jeu :
- 21 sièges devraient facilement rester démocrates (y compris dans le Michigan et Ohio, où les candidats démocrates sont nettement en tête dans les sondages),
- un siège peut déjà être considéré comme perdu à coup sûr pour les Démocrates, celui de Joe Manchin en Virgine Occidentale (Etat très républicain), qui prend sa retraite,
- un siège est pour l’instant très en risque pour les Démocrates, dans le Montana… où le candidat démocrate Tester est pour le moment très en retard dans les sondages sur le candidat républicain Sheehy (retard de 5 points en moyenne).
Dans l’état actuel des choses, il est probable que le Sénat finisse à 50/50 ou à 49 démocrates/51 républicains. Actuellement, l’élection présidentielle est très serrée et la Pennsylvanie, en particulier, sera déterminante.
Mais si Kamala Harris gagnait, elle pourrait soit ne pas avoir de majorité au Sénat, soit avoir une majorité très faible (50 sur 100). Autant dire qu’une présidente Harris ne pourrait que très peu augmenter les impôts ou même pas du tout : cela fait que les scénarios boursiers les plus noirs sont peu probables.
Au passage, Kamala Harris, si elle gagnait mais avec un Sénat républicain, serait le premier président à ne pas avoir de majorité en début de mandat depuis Bush père en 1988.
Elections de 2004


Elections de 2008


Elections de 2012


Elections de 2016


Elections de 2020

